mardi 29 juin 2010

Vie hauturière dans le Bengale

Les courses sont faites, les voiles sont réparées, Go! On quitte le quai, on prend la mer, mais ce jour-là,c'est du près. Le bateau gîte et l’estomac chavire, l’étrave se cabre, on serre la mâchoire. Dans le carré l’horizon s’est incliné et les réserves d’essence sont crevées. Quelques jours plus tard le sel colle à la peau, et le soleil continue d'endormir . Pas facile de chercher une boite de conserve, pas envie d’allumer la vieille gazinière. C’est une sorte de « coma des mers ». En attendant de revenir à la vie, on décompte le temps et les milles. On réfléchit au passé et à l’avenir, aux amis et à la famille, à Dieu et au travail. Et les journées sont longues.

Puis un jour il fait moins chaud et ca sent moins le gazole, et à force de volonté gémit un embryon de loup de mer. L’obsession de l’arrivée nous quitte, on fait du bateau sa maison et on prend de nouvelles habitudes : le marin ressuscite au terrien. Le matin à l’ombre de la grand voile on regarde la mer en lisant un bouquin parmi la centaine de livre entassée dans la bibliothèque. On cuisine le riz, les pâtes ou le poisson, on fait des crêpes bretonnes, et à l’heure du café on sert le débat du jour. L’après-midi est consacré aux activités telles que la pêche ou les réparations. C’est aussi le moment d’étudier les courants, la météo ou les guides de la prochaine escale. On se dessale chaque jour à l’eau de mer ou de pluie et on fait quelques lessives.

Au coucher du soleil, il est temps de préparer le diner car à 21h00 commence la seconde moitié de la journée organisée en quarts de nuit. Chacun assure deux quarts d’une heure trente, qui se décale de jour en jour. Les équipiers qui ont le premier quart du soir et le dernier quart du matin ne se lèvent qu’une autre fois dans la nuit. Les autres sont réveillés deux fois par le veilleur qui les précède. Certains observent la lune qui se lève ou se couche, d’autres relisent le manuel des constellations à la lumière des étoiles ou rédigent le carnet de bord. Et quelques uns…s’endorment ! « Tiens, il m’a réveillé avec 30 minutes de retard ». Trahi ! Et une nuit à l’horizon pousse un gros champignon lumineux. Celui-là n’est pas vénéneux, c’est la terre, c’est une ville ! Demain la mer nous délivrera.

4 commentaires:

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Unknown a dit…

Canon...
Et le sextant vous savez vous en servir finalement ou pas ?? J'attends toujours les explications !!
Bizz (tardive !) les marins !

Alph a dit…

Vous avez péché un autre Thazar????

Jean-Gabriel a dit…

Beau texte sur le vécu en mer. J'aime bien.

Enregistrer un commentaire

Chers visiteurs, tout l'équipage compte sur vous pour laisser des commentaires pleins de joie, de bonne humeur et de finesse. Merci ! et signez vos messages !

 
La charte du bord Liens Météo Livre d'or Administration