samedi 31 juillet 2010

Lafko en mer !

Images rarissimes : Entre les Chagos et Maurice, Lafko fonce à 8 noeuds de moyenne, le vent est soutenu, nous avons un ris et tout le génois !

12m de long et 4,2m de large, Lafko est un bateau de largue, grand ou petit, c'est a dire toute les allures "vent en poupe".


Sa largeur et ses lignes lui donnent une forme planante, aussi efficaces aux allures de largue, que penalisantes au près.. nous l'avons constaté dans le golfe du Bengale.

Pourquoi?

Car aux allures de près, les voiles, comme les appendices (safrans et derive) et la coque agissent a la manière d'une aile d'avion.
Pour faire remonter le vent au bateau, on recherche pour les voiles et pour les appendices la plus grande finesse, c'est a dire un rapport longueur / largueur élevé, ce qui donne une bonne portance pour une trainée raisonable.

La forme de la coque a aussi son role à jouer, en approximation, plus elle est fine meilleur est le  près (le bateau fend la mer, faible trainée et faible surface mouillée) plus elle est large, meilleur est le largue (le bateau "plane" et part plus facilement en survitesse).

Mais pas besoin d'un grand discours pour apprécier cette video, imaginez juste que 8 jours de ce  traitement laissent une croute de sel digne des salines de Guerande, mais surtout des souvenirs impérissables.

Pour les amateurs du "comment ça marche"?

Je vous conseile ces articles, très détaillés mais qui permettent de se faire une bonne idée des forces en actions.Comment ça marche!
Comment ça marche en plus poussé

Frederic



A bientôt !

En images



Des nouvelles photos des Chagos, de Maurice et de la Réunion sont en ligne ici



mercredi 28 juillet 2010

Robinsons des mers & marins des Chagos

Du haut des barres de flèche, la vigie scrute la mer.

L'entrée aux Chagos doit se faire à vue. La carte est réputée tout à fait inexacte. Soleil dans le dos, il faut donc repérer les patates de corail et guider le barreur.

"Un peu à droite". "Un peu à gauche". "Patate à 100 mètres". "Quelle est la profondeur au sondeur ?"
Au fur et à mesure, l'oeil s'ajuste, on devine les contours des coraux à travers l'eau transparente. La passe est là, droit devant, on entre dans le lagon, toujours prudemment.

Et soudain, des mâts ! Un, deux, trois, quatre, cing voiliers au mouillage !

Quelle joie ! Du 1er mai au 25 juin, nous n'avions rencontré qu'un seul bateau comme le nôtre.

Ils s'appellent Bill, Ralf ou Tiger pour les plus anciens, Rachel et Elizabeth pour les plus surprenantes, ce sont les marins des Chagos.

Notre séjour fut bref, mais l'accueil dans ces îles du milieu de l'Océan fut chaleureux. D'appels radio en apéros et barbecue, nous découvrions les nouveaux Chagossiens.

Ayant souvent totalement rompu les amarres avec leur vie de terriens, ils voyagent sur les mers depuis au moins dix ans.

Ralf, d'origine allemande et ancien directeur d'une aciérie en Afrique du Sud, a construit lui-même Mariposa, un ketch en acier. La légende raconte que sa femme et lui ont passé un an et demi d'affilée aux Chagos. Dont 4 mois sans voir personne !

Bill et sa femme ont quitté l'Afrique du Sud sur Jenaime il y a bientôt 15 ans, leur bateau est leur seul bien et l'Indien est leur jardin, c'est la 8ème fois qu'ils viennent ici.

Tiger, un canadien, est le vétéran. Il vient de fêter son 70ème anniversaire et les 40 ans de son bateau ! C'est lui qui nous a guidé vers un bon mouillage pour Lafko devant l'île Boddam, nous aurions apprécié parler un peu plus avec lui mais il était très pris par des travaux : 2 jours à plonger en apnée sous son bateau pour étanchéifier l'arbre d'hélice !!! Qui d'entre nous le fera dans 40 ans ??? Lors de notre départ, sa femme nous salue à la radio : "Lafko, Lafko, I can see you and you're looking goooooddd !!!" :) Lafko file alors vers Maurice.

Quant à Rachel, c'est à 54 ans qu'elle a quitté Seattle pour naviguer en solitaire sur Ventana. 3 ans plus tard, décidée à traverser le Pacifique, elle cherche un ou plusieurs équipiers. Elle fait alors connaissance d'Elizabeth. 35 ans, Norvégienne dont les cheveux, les yeux et la stature nous font immédiatement chercher un drakkar tiré sur le rivage. Cela fait maintenant 7 ans que les 2 femmes naviguent ensemble, avec pour objectif de rejoindre l'Amérique. Dans 5 ans peut-être !

On rencontre donc aux Chagos des navigateurs pleins d'expérience, as du bricolage et de la survie, pêcheurs et plongeurs hors pair. Il y a aussi quelques rois de la combine...

D'année en année, plus ou moins avec l'accord des autorités du British Indian Ocean Territory, ils ont aménagé les ruines du village de Boddam pour améliorer leur séjour. Le puits du village est donc toujours entretenu et nous y avons puisé une eau très fraîche. Tout est à disposition pour faire sa lessive ou brûler ses ordures.

Mais il y a aussi des courroies de rechange pour moteur ou même des voiles !



Mais les marins des Chagos pensent aussi (et surtout ?) à la détente ! On trouvera donc aussi un terrain de volley et des barbecues sur lesquels on verrait très bien griller quelques langoustes au coucher du soleil.



La mise en place d'un permis de séjour payant a réduit le nombre de voiliers de passage aux Chagos. Les anciens racontent qu'il n'était pas rare de voir 60 bateaux au mouillage il y a 20 ans... Je vous laisse imaginer les fiestas...

Naissance d'une passion...

La nuit, en traversée, on est seul, seul face à la mer, seul sur le pont, seul sous les étoiles, seul contre le vent et les vagues; enfin seul.
Car dans un projet comme celui-ci il y a toujours du "bruit" qui parasite, se retrouver seul sur un bateau est difficile, il y a toujours des interactions.
Alors la nuit, en quart, c'est l'instant de silence intérieur, bercé par le vent qui siffle, brumisé et baloté par les vagues et enveloppé de la voie lactée tantôt scintillante tantôt voilée par les petits nuages caractéristiques de l'Alizé.
La nuit, j'aime à peaufiner le réglage des voiles, à désembrayer le pilote automatique, à m'installer à la barre, à caler les haubans dans une étoile ou une constellation, là, dans l'ombre de la civilisation, dans la pénombre de la nuit, au gré du temps et du cycle de la lune, tous les sens sont en éveil, pour bien naviguer dans ces mers formées.
Pourtant, je suis seul, et dans ce laps de temps de 1h30, mon esprit voyage, libre de courir, dans cette atmosphère de recueillement intérieur aussi intense qu'est la vie et le mouvement alentour.
Cette nuit, il est 3h10, je me demande ce que je fais là.
Par 15° de latitude Sud, entre les Chagos et Maurice à 1200Km de toute terre habitée. Sur mon bateau!
J'ai déjà vécu tant et tant de choses! Tant et tant.
Alors je fouille ma mémoire, je regarde morceau par morceau mes souvenirs, je surfe dans mon esprit, esquissant un sourire, ou étouffant un sanglot.
J'arrive en 1989, ou dans les environs, je dois avoir l'"âge de raison", et mon parrain m'a invité pour ma première croisière! Belle-Île bien sûr est la destination, le voilier fait 7 mètres, et mon seul souvenir de navigation est: "on a les chandeliers dans l'eau". Ca soufflait frais entre Houat et Belle-ile, et cette gîte prononcée n'a semble-t-il altéré en rien ma soif d'eau et de grands espaces.
Les années suivantes verront donc une succession de sorties en baie de Quiberon, avec à la clef un record de 3 maquereaux sur une même ligne de traîne! à 10 ans je ne suis pas peu fier.
A 15 ans l'histoire s'accélère. Mon parrain toujours lui, (skipper chevronné), soucieux de mon équilibre, me propose un poste sur son bateau pour les régates du Crouesty. C'est le catalyseur! 
Humm, il est 3h45, je change d'étoile, la précédente est maintenant derrière la grand voile.
Toute l'année, les régates s'enchaînent, maintenant sur plusieurs équipages, puis en étudiants, tout y passe, les WE, les vacances, pour s'achever des années plus tard par le Tour de France à la Voile. Que de milles parcourus "à fond", avec pour seul objectif la performance. Mais quelle école! Tactique, stratégie, réglages, manoeuvre, finesse de barre, météo, effets de site, courants, préparation du bateau, cohésion d'équipage, skipper...  
Dans l'intervalle les croisières sont aussi présentes, de plus en plus, à travers la Bretagne puis l'Europe. Un autre style, d'autres compétences. Le mouillage, l'avitaillement...
Les lectures suivent... ou précèdent plus souvent, Monfreid, Moitessier, Slocum... mais l'action se passe rarement sur nos côtes... 
Alors... alors quand Florent me parle d'un bateau à vendre en Malaysie, c'était presque naturel.
Naturel, mais surtout extraordinaire et fantastique! Imaginez donc!
4h25, le point, tiens, 172 milles/24h et 8,7 noeuds au GPS, on va améliorer le record! Quelques lignes dans le carnet de bord et Franck va prendre le quart. 
Frédéric    

mardi 27 juillet 2010

Chagos TV Two

Sur Chagos TV Two, on vous montre la terre plutôt que la mer.

Et sur Boddam Island, on trouve des monstres : les crabes de cocotier !

(La régie vous conseille fortement de tourner la tête d'un quart de tour vers la gauche !)


Le crabe de cocotier est le plus gros crabe terrestre, il peut atteindre 1 mètre de largeur !
Impressionnant lorsqu'on tombe dessus au détour d'un sentier.

Aux Chagos, c'est une espèce protégée. Plus d'informations ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Crabe_de_cocotier


Chagos TV One

En direct des Chagos Studios, nous vous proposons une petite incursion dans notre aquarium privé :)

Ici, une petite promenade avec une tortue :



Et là, pour consoler nos chers lecteurs qui n'ont pas vu la raie manta des Maldives, voici une raie-aigle.
Vous remarquerez son aiguillon placé sur sa queue.

Bonne plongée !



A bientôt !

dimanche 25 juillet 2010

Chagos toujours...

Lors de notre escale aux Chagos, Angie et David, couple d'Anglais de Guernesey, nous invitent fort gentiment à venir prendre le café sur leur bord.

Leur accueil est formidable et leur bateau une merveille de confort. Mais rien de quoi intéresser nos fidèles lecteurs jusque là...

Mardi dernier, nous les croisons de nouveau dans la marina de Port Louis, capitale de l'île Maurice. C'est cette fois-ci autour d'une bouteille de vin rouge sud-africain qu'ils nous transmettent de précieux documents : des dizaines de photos de la vie aux Chagos avant l'évacuation forcée des îles (voir l'article précédent...)

Voici donc quelques photos que nous avons prises à comparer avec des clichés du début des années 70 :




La croix de Boddam, repère bien visible prolongée par une jetée en bloc de corail
L'entrepôt de l'île et la petite voie ferrée qui mène à la jetée
L'église tombée en ruines (photo prise en 1975, 2 ans après le départ des derniers habitants)



Le cimetière, dans lequel les tombes commencent elles aussi à disparaître sous la végétation.

mardi 20 juillet 2010

Les Chagos, îles de rêve et nature (presque...) intacte

Sur les 55 îles de ce grand archipel, 54 sont inhabitées par les hommes. Mais loin d'être désertes !

On y compte des milliers d'oiseaux, des troupeaux (!) de centaines de dauphins, des poissons par millions ! Les îles foisonnent aussi de crabes et de rongeurs. C'est un paradis pour les Robinson Crusoé modernes et nous en avons rencontré quelques-uns !

En une baignade, nous aurons la chance de nager avec une tortue et une raie-aigle !

Les poissons autour de nous sont de toutes sortes et très nombreux. On peut nager et les toucher.

Il y a également des requins ! Frédéric en rencontrera à 5 reprises sous l'eau ! Entre 1 mètre 80 et 2 mètres 50, ce sont déjà des animaux sacrément impressionnants !
Ils sont assez curieux mais ne sont aggressifs que lorsqu'il y a du sang dans l'eau. On les aperçoit également du bord de la plage et c'est déjà nettement plus rassurant...
Les plongées les plus magiques se font à l'extérieur du lagon, là où l'Océan vient se briser sur la barrière de corail. Nous n'aurons malheureusement pas l'occasion d'y aller. Une prochaine fois sûrement !

Les îles couvertes de cocotiers sont également magnifiques, les photos parlent d'elles-mêmes !




Les Chagossiens, peuple oublié... et disparu ?


Sans doute découvert par les marins portugais, l'archipel des Chagos compte 55 îles en plein milieu de l'Océan Indien.

Sa possession est réclamée alternativement par la France et le Royaume-Uni tout au long du 18ème siècle.

Des Français y installent des plantations de cocotiers pour exploiter le coprah, fibre avec laquelle on produisait de l'huile et surtout des cordages très résistants pour les navires.

Ils y font venir des esclaves de Madagascar, du Mozambique et d'Inde ainsi que des bagnards français.

Diego Garcia sur l'atoll principal, l'atoll de Peros Banhos et l'atoll Salomon sont alors occupées par ceux qu'on nommera plus tard les Chagossiens. Cette population métissée travaille dur dans les plantations et vit en totale autarcie sur ces petites îles.

En 1814, la chute de Napoléon fait passer les Chagos sous domination britannique qui les rattachent à leur colonie des Seychelles, puis à l'île Maurice.

Malgré l'abolition de l'esclavage, rien ne change vraiment dans les îles.

Lorsque Bernard Moitessier y fait naufrage en 1952, la situation semble n'avoir que très peu changée. Il y décrit une plantation dirigée par un Français de l'île Maurice sur laquelle les populations créoles récoltent toujours le coprah.

La guerre froide va cependant radicalement changer les choses.

En 1962, les Britanniques quittent leur base de Gan au Sud des Maldives. Non, ils n'abandonnent pas l'Océan Indien ! Ils ne font que transférer cette base plus au Sud, à Diego Garcia.

Les premiers militaires s'installent donc aux Chagos.

En 1965, les négociations en vue de l'indépendance de l'île Maurice (1968) stipulent que le Royaume-Uni conservera les Chagos.

Un an plus tard, les Britanniques louent la base de Diego Garcia aux Etats-Unis pour une durée de 50 ans ! Les îles Chagos occupent en effet une position stratégique au milieu de l'Océan Indien et proche de l'Equateur. Le gouvernement américain exige alors que l'atoll soit inhabité.

Un discret déplacement de population débute... Ssans référendum ni consultation de la population.

Les Chagossiens sont donc expulsés ! D'abord vers les îles de l'atoll Peros Banhos au Nord, puis vers l'île Maurice et les Seychelles en 1973. Ils sont alors complètement abandonnés à leur sort sans indemnisation aucune.

Deux navigateurs canadiens débarquent par hasard en 1973 au lendemain des dernières expulsions et racontent ici leurs souvenirs : http://eclatsdememoire.over-blog.com/article-derniere-escale-aux-chagos-38698386.html

C'est un village fantôme qui s'offre à eux, les habitants n'ayant eu que la nuit pour préparer leur baluchon... Les soldats les autorisent à se ravitailler dans les potagers...

Malgré la condamnation de l'ONU, c'est bien une déportation en catimini de 450 familles qui a eu lieu.

Les Chagossiens se sont maintenant vus reconnaître leurs droits à retourner sur les îles mais sont si pauvres qu'ils ne peuvent s'y rendre.

On trouve ici le détail des procédures engagées par les Chagossiens et leurs soutiens : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chagossiens

Il est très probable que les îles resteront inhabitées tant que la base américaine sera présente.

L'administration du British Indian Ocean Territory s'est d'ailleurs targuée d'avoir créé la plus grande réserve naturelle marine au monde en avril 2010.

Cette belle initiative ne serait-elle qu'un prétexte pour interdire un éventuel retour des Chagossiens ? Des rumeurs parlent également d'interdire la venue des navigateurs.

Mais pour le moment, et sous réserve de montrer patte blanche, les voiliers sont admis.
Nous avons passé 5 jours dans un véritable paradis marin ! A suivre...

mercredi 14 juillet 2010

Plouf, l'éolienne...


Si vous nous suivez attentivement, vous savez que notre éolienne s'est offert un petit plongeon au large du Sri Lanka. L'eau était tellement bonne qu'elle n'est pas remontée à bord...

Jusqu'à présent, l'ensoleillement était suffisant pour assurer le bon rechargement des batteries de Lafko avec nos 3 panneaux solaires.

Mais plus nous descendons vers le Sud, plus les journées sont courtes, car ici c'est l'hiver !

Nous recherchons donc à acheter une eolienne, neuve ou d'occasion, idéalement du type Aerogen 4 12 volts fabriquée par LVM (http://www.bigship.com/catalogue/electricite-1/eolienne/eolienne-aerogen-4-12v-1-5-1)

Si vous avez des pistes (occasion en France ou point de vente sur notre route) n'hésitez-pas à nous les signaler!

Merci et à bientôt.

dimanche 11 juillet 2010

L'Indien, à la portée de la main

Ça y est ! Nous voilà arrivés à l'île Maurice après une traversée d'une grosse semaine depuis les Chagos, atolls au sud des Maldives. Il y a tant à dire sur cet archipel, que des petites précisions arriveront très bientôt.

Mais pour l'instant, quand on regarde le petit globe que nous avons à bord, on se dit qu'on a déjà fait un sacré bout de chemin depuis la Malaisie. La traversée du Bengale, mémorable et éprouvante, avec 1200 milles parcourus au près en 3 semaines, a fait couler beaucoup d'encre. Une navigation d'hommes.
La traversée que nous venons d'effectuer est une toute autre histoire, le Lafko express ayant parcouru les 1200 milles pour arriver à Maurice en 8 jours, au travers, avec 36 heures d'avance sur nos estimations, des moyennes de 8 nœuds sur 24 heures et des pointes de plus de 10 nœuds. Et il fallait bien cette vitesse pour affronter les vagues de l'Indien.

D'ailleurs, pour vous qui suivez l'aventure Lafko à quelques milliers de kilomètres de là, je vous propose un petit jeu pour vivre l'Indien de plus près.
Prenez une bassine que vous remplissez d'eau. Frappez énergiquement un bord de la bassine. Vous remarquerez des vaguelettes parallèles et régulières, proches de la houle que l'on peut trouver dans l'Atlantique. Attendez quelques instants que le niveau d'eau se stabilise. Maintenant, cognez violemment tous les bords de la bassine, les uns après les autres, sans logique particulière. Observez. Vous aurez une petite idée de la houle que nous avons eu dans l'Indien, qu'aucun système mathématique n'a réussi à modéliser. On essaye toujours, et on y retourne, à croire qu'on aime ça.
Pour pousser l'expérience plus loin, prenez un petit bouchon de liège, écrivez Lafko dessus et lancez le dans la bassine au plus fort de la mêlée. Ajoutez une poignée de sel sur le bouchon. C'est prêt. Jetez un coup d'œil sur le blog, écrivez un commentaire.
Vous y êtes. Vous vivez l'aventure Lafko.

L'Indien est notre jardin, le sud notre chemin.

vendredi 9 juillet 2010

Salut Maurice !

Ce matin, 6 heures, Lafko double l'Ile aux Serpents et l'Ile Ronde. Le soleil n'est pas encore leve, on en distingue seulement les silhouettes.

Derriere ces deux anciens volcans apparaissent les lueurs de l'Ile Maurice !

"Terre, terre" crie la vigie !
3 heures apres, Lafko entre a Port Louis, la capitale, a la suite d'une traversee record depuis les Chagos.

190 milles dans les dernieres 24 heures, on vous raconte tout ca bientot !

Un grand merci pour tous vos commentaires et messages, ca nous fait tres plaisir de savoir que ce blog est lu avec au moins autant de passion que celle que nous avons a naviguer sur Lafko !

mercredi 7 juillet 2010

Un peuple et un pays en mouvement !

Des confettis. Officiellement 1190. 1190 confettis de rêve semés au milieu de l'Océan. Ce sont les Iles Maldives.

Et sur ces îles vit une nation forte et fière de son identité.

Peuple de la mer, les Maldiviens sont par leur histoire d'excellents pêcheurs, navigateurs et plongeurs.
La pêche est encore le premier secteur d'activité du pays, c'est le métier des deux-tiers des hommes maldiviens.

Avec l'aide d'investisseurs étrangers, le gouvernement a su transformer le pays en l'ouvrant au tourisme de masse depuis le début des années 70.
Les fameux "resorts" accueillent les touristes du monde entier.
Avec un trajet avion -> vedette rapide -> chambre d'hotel et retour, on ne les voit pas du tout ! Et ils ne voient pas du tout les mêmes Maldives que nous.

Alors qu'en naviguant sur Lafko, nous rencontrons les habitants authentiques de nos escales, c'est une de nos motivations pour ce voyage autour du monde.

Et les Maldiviens sont formidables ! Véritablement.

Leur première qualité est un sens de l'hospitalité et de l'accueil incroyable pour les marins qui ont traversé l'Océan pour venir à leur rencontre.

Dès notre premier pied posé à terre, un vendredi vers 21h30, après 3 semaines de mer, nous cherchons une douche. La troisième personne rencontrée nous invite tout simplement chez elle.
C'est un père de famille d'environ 45 ans qui rentre de week-end avec sa femme et leur fils aîné. Leur appartement neuf et bien propre a deux salles d'eau. Nous en profitons allègrement. A la sortie, c'est un café et des chips de fruits d'arbre à pain qui nous attendent dans le salon ! Toute la famille réunie veut en savoir plus sur notre "vie d'explorateurs des mers" comme le dira le fils de 8 ans dans un très bon anglais.

Qui en France aurait invité 4 étrangers barbus pas vraiment propres à venir utiliser sa douche ? Bonne question.

Ce premier contact s'annonçait comme un bon présage.

En quinze jours, au moins vingt personnes nous ont aidés, guidés, invités, dépannés, nourris ou transportés de façon totalement désintéressée.

Sur chaque île, avant même que Lafko ne soit amarré au quai, un attroupement se forme. 20, 30 personnes nous observent, nous questionnent.

Le plus à l'aise en anglais s'improvise ambassadeur. Il nous accompagne et nous sert de guide et parfois d'interprète toute la journée jusqu'à tard en soirée.

Sont-ils désœuvrés ? Il nous a semblé que beaucoup de jeunes Maldiviens n'avaient pas d'emploi ou alors beaucoup de temps libre.

Est-ce parce qu'ils ont conscience que leur pays s'est transformé et modernisé grâce à la venue des touristes étrangers ?

L'eau potable est disponible en grande quantité grâce à des usines de dessalinisation, l'électricité est présente dans toutes les îles habitées depuis 20 ans, le réseau de téléphonie mobile est très performant et on peut même avoir accès à Internet depuis Lafko en envoyant un simple SMS !

Le pays se transforme et se construit tous les jours. Littéralement. Nos cartes marines sont fausses !
Oui, les Maldiviens construisent de nouvelles îles ! Et de nouvelles villes sur ces îles. Des projets gigantesques.

Alors qui vient s'installer avec nous aux Maldives ? Sea, Sail and Sun tous les jours sous les cocotiers ?

En fait, tout n'est pas rose. En lisant les journaux, on se rend compte qu'il y a un fort conflit entre les générations.

L'ouverture rapide sur le monde occidental a aussi introduit les mauvais côtés de notre civilisation.

Drogue et alcool ont fait leur apparition. 40% des hommes maldiviens seraient toxicomanes.

On nous a dit que l'entraide dans les îles avait disparue. Désormais chacun exige de l'argent de son voisin pour l'aider.

L'émancipation des femmes ne semblent pas non plus plaire à tout le monde.
Un tiers d'entre elles ne portent pas le voile et sont vêtues à l'occidentale.
On sent à ce sujet une volonté de renforcement des valeurs musulmanes de la part de certains partis politiques.

Mais nous sentons le changement venir.

Un nouveau gouvernement a été récemment élu et a promis d'assouplir les lois.
L'ancien président avait "régné" 30 ans et les Maldiviens attendent du nouveau avec impatience.

Les Maldives sont pour le moment notre plus belle escale, et nous y reviendrons avec plaisir !

samedi 3 juillet 2010

Dancing with mantas...

Mercredi 16 juin.

Extraordinaire, tout simplement.

La carte du guide de plongée indique "Manta Point". Située un peu au Nord de notre mouillage à Hulumalé, nous nous y rendons mercredi 16 juin et partons à la recherche de raies mantas. http://fr.wikipedia.org/wiki/Raie_manta. Cet animal peut mesurer jusqu'à 8 mètres d'envergure et peser 2 tonnes.

Arrivés vers 10h, nous cherchons un endroit où jeter l'ancre. Ce n'est guère vraiment possible, le fond passe rapidement de 50 mètres à 5 mètres avec des vagues qui déferlent fortement sur la côte. Nous sommes en effet à la limite Est de l'atoll de Malé et c'est donc tout l'Océan Indien qui vient heurter le récif de corail.

Après quelques plongées autour du bateau, nous trouvons malgré tout une zone assez plate et décidons d'y ancrer le bateau. Tant pis si la chaine se coince entre deux "patés" de corail ( par contre, pas de risque d'abîmer le récif, les coraux sont déjà tous morts dans cet endroit). Nous préférons cependant laisser un équipier à bord pour pouvoir démarrer le moteur si la chaine dérape.

Je reste donc sur Lafko pendant que Franck, Antoine et Frédéric expérimente une technique assez originale.
Franck dirige l'annexe au moteur et tracte Antoine et Frédéric équipés de masques et tubas. C'est une bonne méthode pour ratisser une large zone.

Au bout d'1h30, ils ont vu plein de poissons mais absolument aucune raie manta. Nous déjeunons.

A l'heure de la sieste, Frédéric et moi décidons de replonger.
Le guide indique "Des requins pointe blanche vivent près de la langue de sable, on observe souvent des raies mantas à l'Est de cette zone pendant la mousson de Sud-Ouest, elles remontent des grands fonds pour profiter des services de poissons nettoyeurs".


Trouvons donc les requins !

Au bout d'une demi-heure, à 10 mètres en dessous de nous, un requin pointe blanche de 2 mètres environ !

Nous continuons notre quête.

Et soudain, Frédéric aperçoit par 15 mètres de fond une raie qui remonte des profondeurs de l'Océan.

Magique !!!

Allez, on croise les doigts pour que mon appareil photo étanche à 3 mètres ait d'aussi bons yeux que nous !

Et voilà ce que ça donne :

4 mètres de large, des ailes majestueuses, la raie manta plane à 10 mètres en dessous de nous.

Frédéric et moi remontons à la surface et nous regardons : "Wow, wow, wow !" Nous ne sommes pas complètement rassurés, cet animal est énorme !

Sa bouche ouverte est gigantesque.

Mais quelle beauté, quelle grâce dans son vol !

Nous appelons Antoine et Franck pour qu'ils puissent assister au spectacle.

Malheureusement la raie disparaît.

Frédéric et moi aurons la chance de la voir revenir 2 fois par la suite.

Sans bouteilles de plongée, il faut attendre longtemps car les raies manta ne remontent pas très souvent au dessus de 15 mètres.

Prochaine rencontre aux Chagos ! Peut-être !

jeudi 1 juillet 2010

Les plaisirs de l'escale !

Une avarie en mer ? Chouette ! c'est la bonne occasion pour,une fois en escale, entrer au cœur d'un pays, de ses habitants, de son économie en quelques instants.

Exemple: un hauban a changer, ce câble tiens le mat, on ne peut repartir sans. Nous sommes aux Maldives, il n'y a pas de marina, pas de voiliers, bref pas de spécialistes.


La débrouille commence: de rencontres en discussions, de conseils en suggestions, de boutiques en ateliers une piste se dégage: Static Mecanix!

En fin d'après midi nous rencontrons le patron, nous expliquons notre cas, constituer un nouveau câble semble possible, seul un doute plane sur la possibilité de se fournir en câble inox du bon grade (inox marine 316L).
Ce fut le jour 1.

Le lendemain matin démontage du hauban, direction l'atelier de mécanique avec les pièces a usiner/tourner, et un câble que nous avons en réserve (très sage précaution!) Au cas ou..
Effectivement le "bon" câble n'existe pas aux Maldives, il faudrait plusieurs semaines pour l'importer.

Nous utiliserons donc le notre, difficulté, Il n'est pas du même diamètre, il faudra adapter. Explications très précises des pièces a réaliser et rendez-vous est pris pour la fin d'après-midi pour récupérer le nouveau câble. Évidement les pièces ne sont pas toutes comme demande mais l'insistance du patron pour nous dire que ce sera plus costaud comme ca nous dissuade dans l'immédiat d'un long débat sur le sertissage

Ce fut le jour 2.



Jour 3, montage. Après de fastidieux efforts viens l'heure de vérité, la mise sous tension du câble, fatalement le sertissage glisse. La colère passée je démonte tout et retourne a l'atelier, cette fois si j'y reste et contrôle le tournage de la pièce (bien m'en prend) dans cet atelier au personnel toujours aussi sympathique et aidant, malgré cette demande inhabituelle. C'est encore l'occasion de discuter avec les ouvriers, les clients, observer les vas et vient, le business local. Sentir le pays vivre, de l'intérieur.

Nous nous quittons très bon amis en espérant presque se revoir bientôt! Je me sens chez moi au milieu des machines-outils. Nous parlons la même langue.

Le hauban est maintenant remonté, plus solide qu'avant! (Mon hypothèse..), verdict à Maurice après 1300mn sur un seul bord le hauban en tension!

Frédéric.
 
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