samedi 25 septembre 2010

...et son équipage, alliage trempé.

Il s'en est passé des choses pendant cette traversée, plus fortes encore que celles décrites dans le précédent article.

Lafko est une entreprise aux multiples facettes. Tout d'abord, c'est une aventure humaine, un défi de quelques amis qui nous amène à traverser des océans, passer un ou plutôt des caps. Des amitiés qui nous poussent à accomplir ensemble ce projet, en partageant toutes les joies et découvertes et en surmontant, ensemble aussi, les épreuves.

Ça a donc été un cap de déposer Fred et Antoine à Madagascar. Après presque 5 mois passés ensemble dans l'Indien, c'est une page qui se tourne. Ce sont des amitiés qui ont été burinées par le vent et la mer. Et c'est maintenant qu'il faut se séparer. Vous êtes toujours un peu à bord. Allez les gars, on se retrouvera autour d'une table dans notre belle France.
Force des sentiments qui se révèlent lorsque ceux que vous appréciez ne sont plus là.
Et l'aventure continue et repart de plus belle vers d'autres terres.

Le voyage au long cours n'est pas inné. Il s'apprend, comme beaucoup de choses. Et assez curieusement, nous avons eu le sentiment fort que le "métier" commençait à rentrer. Il y a eu comme un petit déclic, où après quelques jours de navigation depuis Majunga, nous avons senti, Florent partageant le même avis, que nous ne faisions plus qu'un avec le bateau, et que nous étions complètement adaptés au voyage, à la navigation hauturière pendant des jours et des jours. Comme si la greffe avait pris. Avec le départ des précédents équipiers, et le fait que nous restions à bord, nous avons eu le sentiment d'être un peu comme des fossiles vivants inséparables de Lafko, ou des berniques accrochés à la coque pour un moment. Curieuse impression. Mais la greffe ayant pris, c'est agréable de voir que nous nous sommes bien adaptés et que cet état pourrait durer... longtemps. Longtemps comment diriez-vous ? Hum... ne pensez vous pas que le Pacifique nous tend les bras ?!! Non, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour rire, des êtres chers nous attendent en France, famille et amis, et nous comptons bien les retrouver.

Une autre facette de l'aventure a brillé en rejoignant l'Afrique du Sud. Celle du défi nautique et sportif. Quelle n'est pas la joie d'un montagnard qui franchit les étapes exigeantes de son ascension, en chemin vers le sommet qu'il s'est fixé ? Les derniers jours de cette navigation ont été plus éprouvants que la moyenne, mais la joie d'un équipage soudé dans les épreuves et à l'arrivée et la satisfaction d'avoir rejoint l'étape en ayant navigué au milieu des éléments qui grondaient, nous réchauffent le cœur.

Nous avons chacun des variations dans les motivations qui nous ont poussées sur Lafko.
S'il y en a une qui a été forte pour moi, c'est bien celle du défi qui force à repousser ses limites.
Grandir et découvrir. Et les occasions sont nombreuses.

dimanche 19 septembre 2010

Lafko, voilier d'acier...

Après ces quelques semaines passées à Madagascar, il est temps de mettre les voiles pour le sud. Le vrai. Cap sur l'Afrique du Sud.

Certains équipiers devant nous quitter, c'est sans gaité de cœur que nous déposons sur la côte Antoine, Marie et Damien le 28 Aout, puis Fred et Laure à Majunga le 2 septembre. Merci pour ce que vous êtes, merci pour ce que vous avez été sur Lafko. Vous nous manquez déjà.

Thibaut nous ayant rejoint le 2, nous serons donc 3 pour la traversée de Majunga, Madagascar à
Richards Bay, Afrique du Sud. Soit 1200 milles à parcourir dans des conditions qui s'annonceront... variables.

Les premiers jours se déroulent plutôt calmement, voire trop. Le vent est faible, l'allure pas mieux, mais la vie à bord bat son plein. Après la prière d'équipage, la pêche à l'irridum est plutôt fructueuse, 7 à 8 messages reçus sur notre téléphone satellitaire, ce qui est un réel plaisir en traversée. Thibaut se propose en concurrent unique d'un concours de crêpes, et se voit attribuer à l'unanimité, la palme de la crêpe ! Le lendemain, un poisson volant téméraire ayant fini sa route sur le pont du bateau, finira définitivement son parcours en filet dans la poêle, et c'est rudement bon ! Le soir, un poisson nous a arraché le leurre de la canne. Fil sectionné. En imaginant sa taille ou sa puissance, c'est peut-être mieux ainsi, il nous a laissé la canne...

Pour gagner un peu de temps, nous arrondissons notre route vers la cote africaine, pour essayer d'attraper le courant marin du canal du Mozambique qui ajouterai de 1 à 4 nœuds à notre vitesse. Après avoir attrapé ce courant et relevé la distance journalière parcourue, nous l'avons perdu, recherché, retrouvé et reperdu. Tout était bon pour le trouver, nous avons même affalé toutes les voiles pour mesurer notre dérive par rapport au fond. Nous sommes désormais le long des côtes du Mozambique que nous descendons pour suivre notre cap. C'est alors que nous retrouvons le long des côtes, une quantité incroyable de baleines, il y en a des dizaines et des dizaines tout le long de la côte, nous en avons jamais vu autant !!!

Fin de matinée, 11h, un vrai spectacle: nous venons de voir à 12 reprises des baleines jaillir hors de l'eau, et retomber brutalement dans l'eau avec la délicatesse d'une patate de 30 tonnes qui se laisserai tomber dans l'eau. Il devait y en avoir au moins 3, le bouquet final ayant été composé de 3 sauts quasi-simultanés. A 16h, la ligne mort... une prise ! et un beau thazard de 90 cm pour 6 kilos bien tassés.

Thibaut effectuant sa rentrée prochainement, il a un vol le dimanche 12 en Afrique du Sud, et le vent ayant été tellement bas depuis le début, que l'évidence se présente à nous: nous n'arriverons jamais à temps pour qu'il ait son vol. Seule solution, le déposer au Mozambique, avec la mission pour lui de rejoindre son aéroport en passant la frontière, et sans se fâcher avec les autorités. Mais c'est un défi à sa portée, nous apprendrons quelques jours plus tard qu'il s'est bien débrouillé en ayant eu son vol. C'est donc à deux que nous avons poursuivi cette traversée.

Le lendemain, le 10, vent très faible en journée, au point de mettre un peu de moteur pour avancer, pour finalement avoir un vent croissant dans la soirée et dans la nuit. Au beau milieu de la nuit, le vent a bien forci, et au court de la réduction de voilure, le génois s'est déchiré ce qui nous a contraint à installer l'étai largable et le foc en une manœuvre nocturne par une mer... réveillée.
C'est alors que le vent change de direction et passe plein nord, ce qui nous emmène rapidement aux allures portantes vers notre destination. Sauf que ce vent a décidé de nous y emmener... plus rapidement. Lundi soir, alors que 30 nœuds de vent étaient annoncés pour la nuit, nous estimions notre arrivée mardi dans l'après midi, puis mardi en milieu de journée. Le diner se passe au mieux l'ambiance à bord est au top, on se demande en plaisantant si on ne va pas passer une nuit blanche pour notre dernière nuit de traversée, pour profiter de cette belle navigation agréable et du vent régulier qui nous pousse dans la bonne direction. A cette heure, le pilote automatique tiens la barre. Sauf qu'un peu plus tard, le pilote auto ne pouvant barrer vent arrière, le risque d'empannage étant trop grand, le cap que nous faisons nous dirige trop vers la côte. Pour éviter d'avoir à s'en éloigner sur le bord d'après, je prends la barre et navigue plein sud presque au vent arrière pour avancer au plus court vers notre escale prochaine que nous attendons tant. Nous sommes au milieu de la nuit, je navigue aux étoiles sous 30 nœuds de vent au portant avec 2 ris et un foc, à vive allure en dépassant allègrement la barre des 10 nœuds de vitesse sur des surfs à faire pâlir Kelly Slater. Imaginez les sensations !!

Au bout de 2h de concentration mais de réel plaisir, la fatigue arrivant, je vais me reposer un peu, en laissant le pilote prendre le contrôle de la barre, mais sous un cap nous rapprochant plus de la côte. Au bout de 10 minutes d'assoupissement, Florent qui avait pris son quart me réveille, le vent ayant encore forci (si si, il peut. Après force 7, il y a force 8. Les enfants, allez vous couchez, papa vous racontera). Je bondis à la barre pour rétablir le cap, le pilote ayant lâché, il est 4h du matin. Avec la force du vent ressentie, je me prépare mentalement a tenir la barre pour un bon moment. Mais l'adrénaline et les paquets de mer sur la tête, m'ont ôté l'envie de dormir pour un moment. Entre le grand largue et le vent arrière, Lafko file à des allures qui ferait pâlir le trimaran Banque Populaire V. Heureusement qu'il n'y a pas de limitation de vitesse sur mer. Ceci dit, je pense moins à la vitesse qu'au contrôle du bateau. Les milles défilent tellement vite que nous sommes déjà à la hauteur de Richards Bay, et qu'il va falloir tenir une allure proche du travers pour y aller directement si nous ne voulons pas finir avec les pingouins et les icebergs aux Kerguelen. Un peu comme une sortie d'autoroute qu'on raterai, si vous voulez.

Étant légèrement surtoilés, je décide de naviguer plein cap sur Richards Bay très légèrement choqué pour enlever de la puissance aux voiles, alternative à la réduction de voilure qui peut endommager les voiles comme nous l'avions vu 2 jours auparavant. C'est un raisonnement comme un autre, en tout cas il nous a permis de nous rapprocher de la côte rapidement pour être déventés le plus vite possible. Florent était dans la descente et me donnait d'une voix forte le cap à tenir. L'équipage, ne faisant qu'un, a conduit ainsi le bateau qui filait vers sa destination. Je suis resté à la barre jusqu'à l'arrivée, à 9h. Dans la baie de Richards Bay, la force du vent a diminué progressivement, jusqu'à une petite brise qui nous faisait glisser jusqu'à bon port. Le soleil levé nous a révélé la côte magnifique, et quelques instants plus tard une baleine a sauté hors de l'eau à 30 mètres devant le bateau, comme pour nous saluer, suivi par un jeu de grands dauphins qui nous ont suivi quelques instants. Le calme revenu, nous préparons cette arrivée tant attendue avec joie et pas mécontents de se reposer après cette nuit... sportive.

Avant le lever du soleil, il ne restait plus qu'une étoile... qui m'indiquait exactement le cap que je devait faire. La bonne étoile de Lafko.

dimanche 12 septembre 2010

Perles de l'Indien (3/3): la survivante des Chagos

Plus intense encore que la rencontre avec des tortues, des baleines ou des requins, nous avons surpris la derniere survivante des Chagos, de retour de peche aux moules.



Sur ce, bon vent à LAFKO pour les aventures à suivre!

dimanche 5 septembre 2010

Perles de l'Indien (2/3): VIP à la manoeuvre

samedi 4 septembre 2010

Perles de l'Indien (1/3): Attention la baleine!

Photos

Nouvelles photos de Madagascar, de la Réunion, et de Lafko ici


mercredi 1 septembre 2010

Ciao Mada et du nouveau à bord !

C'est un tournant qui s'annonce dès demain jeudi à bord de Lafko !

Tout d'abord, après 4 mois à naviguer dans les îles qui parsèment l'Océan Indien, nous mettrons le cap sur un nouveau continent : l'Afrique !!

Avec cette escale à Madagascar, nous y avions déjà mis un pied, mais cette fois, ça sent vraiment la terre ferme !

On compte environ 1200 milles de Majunga à Richard's Bay en Afrique du Sud, soit une huitaine de jours si nous réussissons à placer Lafko dans le courant des Aiguilles qui court le long de la côte du Mozambique.

Mais c'est surtout à bord qu'a lieu le changement.

Le moment est en effet venu pour Frédéric et Antoine de rentrer en France. Après un peu plus de 4 mois ensemble, l'équipage "permanent" se trouve réduit de moitié ! Franck et moi, qui restons, nous sentons un peu comme les "berniques" de Lafko, collés à sa coque :)

Mais rassurez-vous, nous ne continuons pas tous seuls. Thibaut embarque demain pour la traversée et ce sera ensuite au tour de Damien, Jean-Christophe et Guillaume de nous rejoindre en Afrique du Sud !

Je profite aussi de ce message pour remercier Alix, Anne-Sophie, Anne-Laure, Laure, Xavier, Thomas, Jean-Baptiste, Marie, Aurélie et Damien pour leur passage à bord de Lafko. Toutes ces venues nous font extrêmement plaisir ! Alors n'hésitez pas, rejoignez-nous, les souvenirs et les sourires sont garantis :)

A bientôt sur Lafko et merci de continuer à nous lire !

(Plein de photos devraient arriver sur le blog avec le retour d'Antoine et Frédéric et nous pourrons aussi poster des articles plus régulièrement depuis l'Afrique du Sud).
 
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