dimanche 20 juin 2010

La voile un sport mécanique???

Bien sûr ! Démonstration en une traversée.

Nous partons donc, pour 1260mn, (2331km), à un moment où le vent a toutes les chances d’être contraire, ce fut le cas, et nous avons parcouru en réalité plus de 2800mn, à la vitesse moyenne de 5.2nds.
Ajoutez à cette distance une mer forte, une houle croisée et un vent réel sur la première semaine fixé à 23nds puis après une courte accalmie de 17nds avec des grains à …(30nds et plus).
De plus, votre allure est le près (voile bordées à fond, nous avançons contre le vent en tirant des bords (de 100° bord sur bord avec Lafko sur mer praticable, mais de … 140° avec les vagues et le courant contre…les marins ou mathématiciens pourront se faire une idée très claire de notre situation !)
Le près disais-je, l’allure ou le bateau est gité à environ 40°, pendant 3 semaines le bateau devient un élevage de Dahus !
Le bateau gité oui ! Mais pas seulement, il cavale, il tangue, il roule, il pilonne, il fait des lacets (les 6 mouvements d’un bateau : 3 rotations, 3 translations, à vous de les placer sur ou autour de chaque axe !
Tout ces mouvements donc fatiguent le bateau (je ne parle pas de l’équipage…), il s’ensuit un vieillissement accéléré du bateau, voyez plutôt :
3eme jour:
  • voie d'eau, d'eau? non de gasoil 10l, c'est la jauge qui n'est pas étanche
4eme jour :
  • la console centrale du carré (salon intérieur du bateau) se déboite, il n’y a plus de « main courante » pour se tenir dans le carré
5eme jour:
  • voie d'eau confirmée 30L, ce n'est pas que du gasoil, un doux mélange avec de l’eau de mer (stop pour étanchéifier tout ce que l'on peut, câblot (passage de chaine à l'avant), passage des câbles électriques en pied de mat, puits de bout de dérive…)
  • La dérive a du jeu, elle tape violement dans certaines conditions de mer (réglages)
  • Bateau non manœuvrant !! Démontage du système de barre, c’est en fait la liaison entre l’axe central et les deux safrans qui est desserré, heureusement l’épisode s’est passé au petit matin et le bateau tient la cape sans les safrans), il faut savoir que Lafko est un Bi-Safran, ce qui lui permet de se poser sans béquille sur le sable des Maldives.. mais entraine une mécanique un peu compliquée et peu fiable du système de barre.
6eme jour:
  • la poulie inférieure de la bastaque tribord (câble (hauban) qui retient le mat vers l'arrière) se casse dans une vague
  • Voie d’eau vraiment inquiétante, 300l écopés avec toujours un zeste de gasoil, on se déroute ou pas ? Quel est le port le plus proche ?
7eme jour :
  • l’éolienne (notre principale source d’énergie) vient de nous quitter, son tube de fixation cassé net, il y avait du vent (24nds) mais pas tempête, on se voit déjà barrer pendant 2 semaines jour et nuit… finalement après une journée « barre » le pilote automatique reprendra ses droits et restera fonctionnel la plupart du temps, Lafko est équipé d’un bon pilote automatique, c’est en fait un vérin, monté sur le système de barre, on lui donne un cap à suivre et il dirige les safrans de sorte à suivre ce cap, il arrive qu’il puisse « décrocher » (perte de la direction), c’est dû à une mauvaise configuration de voile ou une vague scélérate !
  • Toujours un bon 300l à écoper… le bateau est passé au peigne fin pour trouver une voie d’eau autre que les paquets de mer qui recouvrent sans cesse le pont
  • Rupture du tuyau de mise en pression de la cuisinière (la cuisinière fonctionne au Kérosène préchauffé et sous pression)
8eme jour :
  • La pompe de cale a rendu l’âme, on terminera la traversée en écopant au seau…
12eme jour :
  • la poulie supérieure de la bastaque tribord se casse
14eme jour:
  • Rupture de la poulie inférieure de la bastaque bâbord
15eme jour :
  • Perte coup sur coup de lattes de grand voile n°2 et 3 (il y en a 5 en tout reparties sur toute la hauteur), le système pour éviter qu’elles se desserrent n’est pas en place…
16eme jour :
  • inspection du moteur : bon pour le service ! (celui-là est fidèle, il faut en prendre grand soin !)
  • Changement de place des bastaques, qui raguent contre la GV
17eme jour :
  • Chariot de la têtière de grand voile cassé (le chariot, comme le coulisseau permet de hisser et affaler la GV en la maintenant solidaire du mat, il y a une alternance de coulisseaux et de chariots, le chariot, plus robuste, assure la liaison au niveau des lattes)
  • GV déchirée au niveau de la 4eme latte (30cm)
18eme :
  • Rupture du chariot de têtière de GV (pas au même endroit ! ainsi que 3 coulisseaux… (Réparation mais il manque un chariot au niveau de la première latte de GV)
  • Chute de la GV déchirée sur 20cm au niveau de la 3eme latte (la chute est la partie arrière de la voile)
19eme jour :
  • bas hauban arrière tribord, (câble inox de 8mm constitué de 16 torons) 3 torons sont cassés (étayage avec des haubans textiles)
22eme et dernier jour de mer :
  • Bas hauban arrière tribord, 7 torons de cassés, il était temps d’arriver…Tjrs 300L quotidien au fond de la cale, et à ce jour pas d’explication rationnelle, même si la liste des entrées d’eau secondaires s’allonge… à suivre (à noter que sur mer/vent calmes nous ne prenons pas l’eau ;), autre évolution, c’est le kérosène qui se répandait à fond de cale, et non plus le Gasoil.
La work list s’allonge…l’escale sera encore studieuse !

9 commentaires:

Marie a dit…

Sacrée liste ! Bon courage pour les réparations et bon repos à tout l'équipage après cette longue traversée...
J'attends la suite avec impatience ;)

Anonyme a dit…

mais c est pas drôle avec fredo on répare tout !!!
arrêter d inquiéter tout le monde vous saviez bien que tout allait s arranger

Jean-Gabriel a dit…

Apparemment, il y a quand même eu quelques journées sans casse ;-) Bravo pour la tenacité !

Mickael Huguenin a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mickael Huguenin a dit…

Bon courrage aux matelots les nuits doivent etre courtes compte tenu de la liste.. Et dire Florent, qu'il n'y pas si longtemps, tu etais dans les locaux de notre "Big" company. Ca doit te changer ;-) Profitez bien de cette expérience unique jsuis pas loin d etre jaloux (sauf que je suis pas du tout marin..)

Anonyme a dit…

Au secours, épargnez-nous ce langage trop technique et propre à nous emporter dans un tourbillon de nuits cauchemardesques ! Préférons absolument la prose de Florent ou Antoine...
Je croyais qu'il n'y avait pas de chef cuistot à bord mais si, je découvre des maîtres-queue.
Espérons que la prochaine traversée sera moins périlleuse. Le plancher des vaches a du bon...
Le CM

Jean-Gabriel a dit…

J'apprécie les descriptions "littéraires" de cette aventure, mais apprendre, à l'occasion, le language "marin" me parait intéressant aussi, même s'il faut parfois ouvrir le dico.

Les petits Chaîne a dit…

Oui du language marin c'est ce qu'il nous faut pour nous imprénier au mieux de votre périple et pour tenir une conversation avec des marins sur terre en ce moment. Bon courage en espérant que les prochaines traversées soient moins... houlées!

PE a dit…

Sur le pont, garçons, et souquez les artibuses !!!
C'est pourtant clair, non ?

Bises à vous 4, et tout spécialement à Fred et Tonio, de la part de leur ex-coloc !

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