vendredi 10 décembre 2010

L'île de l'Ascension

- FLASHBACK -

Plages de sable jaune très clair bordées de roche volcanique, l’île de l’Ascension est assez différente de sa sœur Sainte Hélène.

Sur l’île on compte environ 800 habitants, principalement des Saints (d’origine de Sainte Hélène) mais également des européens et des américains. La raison de la présence de l’homme sur ce petit rocher perdu, bien plus petit que l’île de Sainte Hélène, est intimement liée à l’activité militaire. Les anglais puis les américains y installèrent respectivement des positions avancées qui sont toujours en activité aujourd’hui bien que moins actives que pendant la période de la guerre froide et la guerre des malouines. Une île dans l’île, chacune de ces bases sont totalement indépendantes (production d’électricité par l’éolien, gestion des vivres, aéroport pour la base américaine, …).

Quant à la présence animale, c’est à la tortue que revient la palme ! De Novembre à Mai il y a environ 4 000 tortues qui viennent se reproduire sur l’île principalement en provenance du Brésil. On trouve également les plus gros dauphins (mais ils étaient certainement occupé ; nous n’en avons pas vu un seul) ainsi qu’une espèce rarissime de poisson (Black Trigger Fish) qui se nourrit de petites algues qui se collent peu à peu à la carène (cf. La Longue Route de Bernard Moitessier, alias « Moit Moit » comme on l’appelle entre nous). Des dizaines de ces petits poissons noirs viennent assaillir Lafko dès son arrivée au mouillage de Clarence Bay (devant Georgetown). Venus voir si « ça se mange », ils grognent, grincent et émettent des curieux grognements (de vrais petits cochons) avec leur bouche goulue qui veut goûter à tout ce qui bouge. Quel fan club ! Munis de petites dents, ils grattent en concert la carène et n’ont pas hésité à agresser gentiment la caméra sous marine en poussant leur petit bruit sourd caractéristique… tous ces poissons qui grattent ensemble, c’est juste dingue ! Au travail les amis ! Rien de tel pour un carénage « nature ». Moit Moit précise dans son ouvrage qu’il faut à peu près deux jours pour faire un carénage complet… sans rien faire !

Au niveau végétation, l’île est coupée en deux, le côté sous le vent (Ouest) est très aride, l’autre étant vraiment tropical.

Green Mountain est le point culminant de l’île (859m). On y trouve un chef d’œuvre de géni civil : un récupérateur à eau de pluie composé d’une large étendue de dalles de béton situées sur les pentes de la côte au vent. En contrebas, on peut voir les ruines d’un moulin à vent qui servait à transvaser l’eau collectée vers le côté de l’île où les trois villages principaux se trouvent : Georgetown, One Boat et Two Boats.

Comme à Sainte Hélène, l’économie est limitée à son strict minimum, phénomène qui est encore plus marqué ici : le gouvernement partage le même bâtiment que la banque, la station service ouvre tous les jours jusqu’à midi (après faut pédaler), Port Control (la capitainerie) fait aussi agence de voyage pour l’aéroport, le service de police se limite à trois personnes…

A l’horizon l’île ressemble à quelques chapeaux chinois de différentes couleurs (vert, orange, violet) placés les uns à côté des autres ; leur couleur correspond soit à la couleur de la terre (sèche), soit à un type de végétation tropicale. En s’approchant, on commence à deviner les canons, les antennes et bunkers de la base américaine sur l’Ouest de l’île, puis Georgetown, la ville principale.

Petit dej sur le pouce, et appel à Port Control par VHF. C’est bon, nous pouvons débarquer. Nous hissons notre pavillon jaune (les formalités n’étant pas encore faites). Au mouillage, personne. Nous sommes le seul voilier au milieu des quelques barcasses de pêcheurs ! Nous mouillons dans le sable dans 8 mètres de fond. Autour de nous la grande plage de Clarence Bay où les tortues viennent pondre.

Quelques instants plus tard nous sommes sur le quai avec l’annexe que nous devons remonter par un escalier d’une dizaine de mètes pour ne pas qu’elle gêne le débarcadère. Sport ! Petit tour à Port Control. On nous demande directement si nous connaissons « Franck ». Comment cela ? Il y a des gens qui le connaissent ici ? C’est en fait l’île de Sainte Hélène qui a prévenu que nous allions débarquer pour y déposer Franck qui après 7 mois à bord de Lafko, rentre pour un mois en France. Visite à l’immigration, à la banque, nous finissons ainsi notre parcours administratif (ici pas de douanes, ouf). Etant donné que nous nous sommes fixé qu’une seule journée sur l’île, il ne faut pas traîner : une équipe avitaillement, une autre pour régler le paiement du mouillage à Port Control, nous nous donnons rendezvous à un endroit une fois que chacun a terminé (pas moyen d’utiliser un éventuel téléphone portable pour se trouver, ici pas de réseau GSM). Mission suivante, trouver Cedric, l’ami de Bishop John. Après avoir demandé à quelques passants nous finissons par trouver sa maison. Nous sonnons. Un homme ouvre et s’écrie : « Bishop John ? I’ll show you the Island » avant même que nous n’ayons pu dire un bonjour… Décidément encore une personne très ouverte ! Bon, c’est clair que venant de la part de Bishop John, il était difficile de mal tomber… et lorsque l’on s’essaye à faire connaissance avec un parfait inconnu, on trouve également que des gens aussi géniaux… Même les personnes pressées (ça existe aussi ici, dans une certaine proportion) arrivent à trouver le temps de conduire deux lafkoboys à la station service pour remplir leurs jerricans. Pour retourner au port, nous arrêtons la première voiture de passage, un allemand sort de sa voiture avec un grand sourire. Repersonne sympa ! Décidément ! Arndt est Allemand. Il vit au Pays de Galle depuis de nombreuses années. Il est sur l’île pour une semaine comme expert réservoirs… pour l’armée, inutile de le préciser. Il nous raccompagne au port, nous aide même à décharger les jerricans, et passe un bon quart d’heure avec nous à discuter sur le quai.

Cédric nous emmène ensuite faire le tour de l’île. En configuration sardines (4 derrières, un devant) nous montons dans sa voiture. Premier virage, ça y est, ya le pot d’échappement qui touche le sol ! Première étape, visite des 4 pubs de l’île puis nous plongeons dans la fraicheur verdoyante de Green Mountain (le point culminant de l’île). Quel contraste avec les paysages secs des alentours du port ! Sommes-nous toujours sur la même île ? Sur le chemin du retour, nous longeons une forêt de bananiers… qui dit bananiers dit bananes ! Seul problème, les magnifiques bananes (une grappe d’une trentaine) sont situées à environ 8 mètres au dessus de nos têtes… Deux solutions, soit on monte, soit on les fait descendre (logique). Vu la fragilité de l’arbre, la seconde solution semblait la plus plausible. Cédric nous précise que nous ne devons pas hésiter, le bananier pousse à une vitesse folle. N’ayant pas d’outils avec nous, nous entamons la coupe… au couteau Suisse ! Une minute plus tard, Damien avait abattu l’arbre et coupé la grappe !

Le soir, de retour dans la partie aride de l’île, nous allons faire une petite visite à la base américaine, non loin de Georgetown. Cédric nous pousse. On trouvera bien une autre voiture pour nous reconduire au port. Dans le seul endroit de vie de la base (un snack et un bar) nous sommes étonné de voir que l’ensemble du mobilier est de style américain… on se croirait à la limite dans un épisode d’Happy Days, « Fanzy » ne doit pas être très loin. Ici vous payez avec des Livres de Sainte Hélène (une chance que ce soit possible), on vous rend la monnaie en dollars américains !

Dans quel pays sommes-nous finalement ? RoyaumeUni ou EtatsUnis ? Quelques individus avec des chapeaux texans, sur l’écran de la télévision géant un match de football américain… pas de doute nous sommes bien ici aux EtatsUnis ! Nous faisons connaissance avec Natacha, une militaire qui est depuis un certain temps sur la base. Après avoir écouté le bref récit du voyage de Lafko, elle nous demande sans tarder si nous avons besoin de quelque chose et nous organise un lift pour nous reconduire au port. Notre chauffeur n’est autre qu’un des trois gendarmes de l’île.

Voila, il nous faut déjà repartir… Derniers au revoir à Franck qui va attendre une semaine le prochain avion pour la France via Cardiff au RoyaumeUni (seule liaison possible avec l’aéroport de l’île de l’Ascension).

Adieu les roches volcaniques, prochaine escale… Braaazil ! A nous le pays de la TONG !

Jean-Christophe

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